Premier cours plus ou moins... troublant.

Matt fixait le miroir de sa salle de bains d’un air impassible. Quoi ? Une pointe d’angoisse dans son regard ? Foutaises. Il était totalement calme. Dans moins d’une heure, il donnerait son tout premier cours, et il ne paniquait pas. Ce n’étaient que des gosses, après tout. Il vérifia d’un rapide coup d’œil son emploi du temps. Mouais… Des gosses de seize ans pour commencer. Bah, c’étaient toujours des gosses. Tout ce qui leur importait – pour la plupart du moins – c’est de savoir si le nouveau prof avait l’air sympa, s’il était sexy ou non, s’il était cool ou sévère. Et alors ? Qu’était-il ? Le beau prof cool avec ses élèves ou le jeune prof autoritaire ? Il n’en savait rien. Pour le moment, du moins, car il avait été étudiant lui aussi, et il savait pertinemment que dès l’instant où la cloche annonçant la fin des cours aurait sonné, les chuchotements à son propos commenceraient, et le verdict le concernant tomberait. Matt haussa les épaules. Il arriverait ce qu’il arriverait, il serait comme il était, un point c’est tout. Et puis, peut-être qu’il y aurait des jolies filles, dans cette classe de sixième année… NON ! Non. Un professeur ne devait absolument pas penser ce genre de choses. Stop. Il inspira puis expira un grand coup. Ok, c’était bon. Il avait vingt-deux ans, il était adulte – sans doute plus mature que beaucoup d’autres jeunes de son âge – et il saurait parfaitement comment enseigner aux jeunes élèves de Poudlard la matière des sortilèges et enchantements.

Après avoir avalé un petit-déjeuner en quatrième vitesse, il arriva au troisième étage un quart d’heure avant le début des cours et pénétra dans la salle qui lui était réservée. Sa salle de cours. Celle où il allait passer le plus clair de son temps désormais. La pièce était grande : une quarantaine de tables en face du tableau et un large espace dans le fond pour la pratique. C’était parfait. Matt regarda sa montre – montre que Nelly lui avait offert pour son dernier anniversaire : plus que dix minutes et ses premiers élèves seraient là. Il respira un grand coup à nouveau et posa les quelques parchemins qu’il tenait dans ses bras sur ce qui lui servait de bureau et ouvrit les rideaux d’un coup de baguette magique. Ah, avec de la lumière, ça allait tout de suite mieux.

Mais le jeune homme ne tenait pas en place. D’abord, il alla s’installer sur la chaise derrière son bureau, croisant les mains sous son menton. Puis il les posa d’un air décontracté sur la table, y faisant courir ses doigts. Ensuite, il se mit à tousser, recula la chaise et se pencha en arrière afin de pouvoir mettre ses jambes là où ses bras se trouvaient deux secondes auparavant. Avant de pousser un énorme soupir. Non, pas de pieds sur la table, ça faisait trop… pas assez… Bref, il se comprenait, et c’était le plus important. Le mieux, c’était de s’installer comme il le préférait. Ce fut assis sur le bord du bureau.

Et la cloche sonna. Les élèves arrivèrent les uns après les autres, discutant, riant, se disputant parfois, et il y en avait même qui terminaient leur petit-déjeuner. Comment pouvaient-ils avoir autant d’énergie dès le matin ? Ah, en voilà avec une tête plus ou moins de… déterré. Ceux-là avaient du faire la fête, la veille. Haha, comme il se reconnaissait bien dans ces yeux à moitié clos et ces expressions de blasement total. Les ados… Matt salua avec un sourire le plus d’élèves possible, rendant d’un signe de tête le bonjour que certains lui adressaient, figeant son regard lorsqu’il se prenait un vent. Les ados… Cinq minutes passèrent, voir sept, d’après sa montre super précise, et le professeur Kirk (c’te classe quand même… « professeur Kirk ») alla ferma la porte tranquillement. Les étudiant eurent alors la bonne idée de se taire et de reporter leur attention sur le jeune homme (si ce n’était déjà fait) tandis qu’il retournait s’asseoir au bord de son bureau.

« Salut. Bon, vous savez que je suis, hein, vous n’êtes pas idiots à ce que je sache, donc je vais juste écrire mon nom au tableau pour ceux qui ne s’en souviennent pas. »

Joignant le geste à ses paroles, Matt brandit sa baguette, se retourna et l’agita pour que s’inscrive sur la paroi noire son nom. Juste le nom et le prénom, c’était suffisant, il n’allait pas non leur raconter sa vie. Il se retourna et fit de nouveau face aux élèves. Ses élèves. Installer un lien confiant et agréable dès le premier cours, ne pas passer pour un idiot, ne pas passer pour un tyran. Trouver naturellement le juste milieu.

« Ok, alors je pense que vous êtes assez grands pour qu’on oublie le coup de ‘‘c’est le premier cours de l’année, apprenons à nous connaitre et ne travaillons pas’’ ; j’aurais toute l’année pour apprendre à vous connaitre, et je compte être un prof assez compétent pour vous apprendre l’essentiel du programme dans une bonne ambiance. Comme je suis nouveau, je ne sais pas encore exactement où vous vous étiez arrêté l’an passé, mais je suppose que vous avez tous plus ou moins obtenu de bonnes BUSE, donc… »

Matt s’interrompit lorsque la porte s’ouvrit. Il referma la bouche et attendit que le retardataire soit totalement entré dans la salle. Que fallait-il faire ? L’engueuler, le prévenir gentiment qu’il n’y aura pas de prochaine fois ou ne rien dire et le laisser s’installer en silence ? C’était UNE retardataire, d’ailleurs. Une charmante jeune fille rousse. Et lorsqu’elle tourna son visage vers lui, il réalisa qu’il la connaissait… Ces yeux… ces lèvres… ce… oh non. Non, non, non, non, non, non, non… Non. NON. Pas ça… Tout mais pas ça… Bon sang mais bien sûr ! Comment avait-il pu l’oublier ? Comment avait-il pu réussir à ne pas lier Poudlard à Lou ? Comment s’était-il laissé avoir ?!

Elle l’avait également reconnu. Ils ne s’était pas vus depuis six ans. Depuis la fois où elle avait fait une crise. Depuis la fois où elle l’avait réellement effrayé. Comment allait-elle réagir ? Si elle se mettait à hurler, il n’aurait d’autre choix que de la mettre dehors et d’aller chercher l’infirmière en urgence. Mais… Lou. Dans sa classe. En tant qu’élève… Sa propre sœur… Celle qu’il avait fuie, celle qui l’avait étouffé, celle qui avait été la première cause de la déchirure de la famille. D’un coup, là comme ça, sans prévenir, le passé ressurgissait, les souvenirs remontaient, et… cela donna un énorme coup à Matt. Comme un boulet de canon heurtant son ventre, lui coupant le souffle et provoquant un arrêt cardiaque. Il allait faire une crise d’angoisse, à coup sûr… Non, il fallait qu’il se reprenne. C’était lui l’adulte, il devait prendre la situation en main, et effacer le blanc horriblement gênant qui s’était crée dans la salle de classe. Bon et maintenant ? Devait-il agir comme si de rien n’était, la traiter comme n’importe quelle élève, comme s’il ne la connaissait pas ? Non, ce n’était certainement pas la meilleure idée quoi fut. De toute façon, leur lien de parenté ne resterait pas ‘’secret’’ bien longtemps, alors autant être sincère depuis le départ. Matt ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais… aucun son n’en sortit. Il était littéralement figé.

*Réveille-toi bon sang, tous les gamins vous regardent ! Et tu as écrit ton nom au tableau, ils ont déjà fait le lien… Crétin. *

« Hum… et bien… tu n’as qu’à… t’asseoir… ça ira pour ton retard. Pour cette fois. »

Il ne put la quitter des yeux. C’était comme… comme retrouver quelque chose, un souvenir, un épisode de sa vie enfouie quelque part, au fond. Elle avait surgit tel un geyser, et il ne s’y était pas préparé. Elle non plus. C’était une des surprises de la vie. Bon sang… Qu’allait-il faire ?

*Pour l’instant, tu fais ton cours. Tu réfléchiras après.*

« Ok, désolé pour cette interruption. Je disais donc… ah oui. Nous allons commencer par les Patronus. Qui peut me dire ce qu’il sait sur ce charme ? Quels en sont les propriétés, les effets, les particularités ? »

Ne pas montrer son trouble. Paraitre sur de soi, confiant. Ne pas regarder Lou. Pas pour l’instant. Rester le plus calme possible, faire ralentir ces battements de cœurs qui allaient vraiment trop vite et empêcher cette fucking sueur de perler sur son front.

C'est toi pour moi. Moi pour toi
Dans la vie,
Tu me l'a dis, l'a juré pour la vie.
La vie en rose - Version Luce

Voila ce qui depuis le début de la nuit, résonnait dans les oreilles de Lou. Son casque, objet fétiche parmi ses objet fétiche, comme scotchait à ses oreilles. Son homologue de cheveux chantonnait toujours, accompagnée du son magique d'un piano. Lou descendit son regard sur elle même, remarquant avec étonnement qu'elle n'était qu'en culotte. Un boxer rouge avec de petit avion en papier comme motif pour être précis. Comme un jeu de poupée russe, elle découvrit ensuite que son lit était dans un bordel pas possible, et que sur ses rideaux méticuleusement clos on avait même jeté un sort d'isolement. Elle se dit tout d'abord qu'il s'agissait avec évidence des restes d'un fête avec Léa. Seulement au lieu de découvrir la jolie brune dans son lit, comme elle s'y attendait. Ce fut un septième année de sa maison qu'elle découvrit endormi prés d'elle. Oops... Pas qu'elle est pas l'habitude de coucher avec des beau jeune homme hein. Non mais par contre, le fait de se réveiller avec " la vie en rose" dans les oreilles, ça sa coller pas du tout. Oh non. Pas du tout du tout. Cette chanson c'était sa chanson des soirs de mélancolie, des envies de se jeter par la fenêtre. Alors pourquoi diable aurait-elle était se mettre ça sur les oreilles si elle avait passé la nuit avec un mec ?! Puis la réponse se format, évidente. Pour vérifier elle souleva la couette, dévoilant un torse nue mais suivis d'un pantalon. Intact. Il avait dut s'endormir, sou comme un bucheron. Bon laissons le émerger seul. Elle en profita pour lever le sort d'isolement et sortie d'entre les lourdes tentures jaune pâle. Une petit demi heure plus tard, notre miss se dirigeait vers la grande salle, propre et habillée. Seul qu'à cela ne tienne. Même si elle n'aimait pas vraiment ça, être seule. Il y aurait bien Scorpius, Molly ou Léa entrains de se sustenter non ? Et effectivement, en arrivant dans la grande salle, la rousse tomba sur Léa. Ceci lui permis de confirmait la soirée d'hier. Ainsi que le fait qu'elle était bien partie entre les bras du fameux septième année. Quelques tartines beurrées plus tard, les deux jeunes filles étaient dans un couloir entrains de papoter sur divers conneries. Soudain, la rouquine se demanda quelle heure il pouvait bien être. Mais la réponse ne se fit pas attendre puisque déjà un prof leur hurlait qu'elles été en retard. Levant les yeux au ciel elle fit un bye bye à sa serpy chérie. Roh qu'il était lourd lui ! Inutile d'insister ! en plus il devait être en retard aussi puisqu'il était là et pas dans sa salle de court lui rétorqua-t-elle. Elle commença à monter les marches.

Des nuits d'amour a ne plus en finir
Un grand bonheur qui prend sa place
Des ennuis des chagrins, des phases
Heureux, heureux a en mourir.

Cette chanson ne pouvait-elle pas sortir de sa tête ? Impossible, impossible lui susurrait une voix de fiel. L'araignée dans ses méninges s'agitait un peu trop depuis ce matin. Ce n'était jamais bon signe. Il lui semblait pourtant avoir bien suivis les doses, peut-être même en abusé. Enfin bon ce n'était plus trop le moment de réfléchir. Elle était déjà suffisamment à la bourre. Elle arriva enfin à sa salle, après s'être tromper deux fois mine de rien. Elle préféra ne pas toqué, on pourrait ne pas l'entendre on sais jamais, et entra donc directement.

Son sang se glaça. Matt. Là juste sous ses yeux, son frère. A porté de voix. A quelques pas d'un câlin. A quelque pas de lui coller une baffe. Tellement prés d'elle. Il semblait aussi choqué qu'elle. Mais ça, elle était bien incapable de le voir.

Il me dit des mots d'amour,
Des mots de tous les jours,
Et ca me fait quelque chose.

Il lui parla, elle l'entendait, elle voyait ses lèvres bouger. Pourtant elle ne comprenait rien. Ses oreilles bourdonnait. Les chuchotements des élèves étaient comme une ruche ultra-sonore. Sa vue elle, était brouillée. Larmes. Haine. Surprise. Amour. Tan d'émotions qui se bousculaient en elle, dans un fatras destructeur. Pourtant tel un zombie, elle alla bien s'assoir. Alors que son frère reprenant un minimum de contenance commençait son cour, son voisin de table la questionna sur leur évident lien de parenté. Mais il n'obtint aucune réponse. Non car soudain, les yeux de la rousse venaient de faire la mise au point sur le jeune homme qui leur faisait face. Alors, sans crier, mais au contraire, la voix tremblante, elle prononça un unique mot.

Lou - Matt ?

La salle avait arrêté de respire, pour la deuxième fois en dix minutes. Comme un mauvais mélodrame. Elle était assise, bien droite et son regard vert-gris fixait l'unique objet de son attention depuis qu'elle avait 5 ans. Matt...

Et des que je l'aperçois
Alors je sens en moi
Mon coeur qui bat