Journée de merde. Non, franchement, c’était vrai. Il ressortait de son heure de retenue reçue à cause de ce qui s’était passé la veille avec Micha Zabini, leur altercation dans le hall d’entrée qui s’était évidemment mal terminée, direction le bureau de la directrice en passant par l’infirmerie. Mais passons, ne parlons pas des sujets qui fâchent. Surtout que les retenues, Hugo y était habitué, hein, mais ce qui l’avait encore plus mis en rogne, c’était le fait d’avoir croisé Evanna dans un couloir. Ils ne se parlaient plus depuis l’été dernier, mais comme souvent, le Gryffondor s’était risqué à un coup d’œil en direction de son ex petite amie, constatant avec déception qu’elle ne daignait pas lui accorder le moindre regard. Bon, ça aussi, il avait fini par s’y habituer, enfin du moins, c’est ce dont il voulait se convaincre, mais c’était un peu la goutte d’eau qui fit déborder la carafe. Heureusement qu’il avait rendez-vous avec Lou, ça lui permettrait de se détendre un peu, une touche de bonne humeur dans sa journée ne lui ferait pas de mal. Un bref coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’il allait être en retard s’il ne se dépêchait pas à aller dans le parc, bien qu’il ait prévenu son amie qu’il risquait de l’être étant donnée sa retenue.

Lou était une fille qu’Hugo avait fini par apprécier, malgré leurs débuts plus ou moins… embêtants. Eh oui, vous êtes bien au courant de l’incroyable don qu’a le jeune Weasley à fourrer son nez de partout, et ce sans vraiment le faire exprès ; et bien c’est ce qu’il s’est passé ce jour là. Quand Hugo surprit la conversation entre la directrice et Lou, elles parlaient de médicaments et de marques de violence… Et la discrétion n’étant cependant pas tellement (pas du tout, en fait) attribuée à l’adolescent, il a été vite repéré. Et depuis, la mission lui a été confiée de surveiller Lou-Clotaire de près pour éviter qu’elle ne se mette dans des situations… dangereuses. Au début, c’était chiant, Hugo n’avait pas que ça à faire, mais il s’y était fait, et puis la Poufsouffle était finalement super cool. Et là, donc, ils devaient se rejoindre dans le parc de Poudlard.

Hugo arriva près de l’arbre convenu en courant, et se pencha en avant, posant les mains sur ses cuisses pour reprendre son souffle. Quelques secondes plus tard, il avait retrouvé un rythme respiratoire quasiment normal (c’était à force des entrainements de Quidditch), et s’étonna de constater que Lou n’était toujours pas là… Au même moment, un boulet de canon surgit de l’arbre et fonça droit sur lui, le propulsant à terre dans un cri hystérique qu’il reconnut comme étant celui de son amie. Il aurait bien voulu en rire – ça aurait certainement été le cas s’il avait été de meilleure humeur – mais il se contenta de se relever en prenant le bras de la jeune fille et fit dans un soupir :

-Salut Lou… tu as passé une bonne journée ?

Bon, certes, Hugo aurait pu être plus enthousiasme. Mais là, le choc l’avait un peu étourdi, alors son sourire et sa bonne humeur devraient attendre encore un peu.

Hugo avait remarqué la mine réjouie de Lou (elle était toujours heureuse, mais aujourd’hui, elle semblait l’être un peu plus que d’habitude), cependant, lui, il n’avait pas vraiment envie de sourire. Ainsi, quand elle le prit dans ses bras, il ne put que lui rendre son étreinte, voire même de serrer un peu plus fort. Il était content de bien s’entendre avec cette fille-là, vraiment. Lorsqu’ils s’écartèrent, le Gryffondor tenta de faire apparaitre un petit sourire sur son visage. Il devait sourire, c’était sa doctrine, la bonne humeur, c’était son truc. Mais il y avait des jours avec et des jours sans… La veille, on aurait pu penser que c’était un de ses jours sans, à cause des coups avec Zabini, mais la suite de la journée s’était plutôt bien passé. Alors qu’aujourd’hui… rien n’allait. Il avait eu une mauvaise note à son dernier devoir de métamorphose, mais à la limite, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même ; son heure de colle était passée d’une lenteur telle qu’il avait failli arracher sa montre et la fracasser contre le mur ; et Evanna. Il se serait bien jeté sur elle pour l’embrasser, mais elle ne voulait plus de lui, elle avait été catégorique là-dessus. Et il faudrait vraiment être idiot pour insister. Or, Hugo n’était pas si idiot que ça, malgré ce que certains pensaient.

-Désolé Lou, j’ai passé une mauvaise journée. Si tu veux, tu peux remonter dans l’arbre et me rebondir dessus, je pense pouvoir bien le prendre cette fois-ci.

Il la gratifia ensuite d’un sourire sincère avant d’aller se caler contre le tronc de l’arbre.

-Mauvaise note en métamorphose, je n’ai pas eu le temps de manger à midi parce que je devais voir un truc à la bibliothèque, et…

Et il aurait put prononcer le nom d’Evanna, mais c’était totalement inutile. Foutue fierté, quand tu nous tiens ! Non, ce n’était pas le genre du jeune Weasley de s’apitoyer sur son sort, de se plaindre que la vie est injuste et tout le dawa… Hugo aimait sa vie. Et ce genre de discours, c’était bon pour les pathétiques qui pensaient qu’au moindre obstacle, leur vie était fichue et que ça ne servait à rien de chercher à se relever. Bien qu’Hugo était plus spectateur qu’acteur – il n’avait pas vraiment « vécu » de drame à proprement parler, mais avait été l’ami de ceux à qui c’était le cas. Sa cousine Lily, par exemple. Ou encore Lou, avec cette histoire de médicaments dont il ignorait encore le sens, ou même Lysander et ses soucis avec son frère… Hugo, les seuls soucis qu’il avait… c’était de parvenir à croiser le regard d’une fille qui ne s’intéressait plus à lui, c’était de se trouver une nouvelle conquête lors des prochaines soirées, c’était de trouver ce qui n’allait pas chez Micha Zabini juste pour l’embêter…

Alors oui, il allait sourire.

Le Gryffondor se décolla du tronc et tendit les bras en l’air afin d’atteindre la première branche qui lui semblait solide au point de supporter son poids, s’y accrocha et grimpa dans l’arbre, pour aller s’asseoir dans le creux entre la branche et le tronc. Il tendit ensuite une main en bas pour aider Lou à s’installer près de lui. Une fois qu’ils furent tous les deux camouflés par le feuillage, il lui dit :

-Mais ça va aller… Si on se met là et qu’on ne fait pas trop de bruit, on pourra peut-être entendre quelques conversations croustillantes…

Hugo Weasley dans toute sa splendeur. Et après, il se demandait pourquoi il se fourrait toujours dans de drôles de situations ? Parce qu’au fond, il aimait espionner. Ce n’était pas à cause/grâce à ça qu’il avait rencontré Lou, ainsi que Lysander ? Peut-être que c’était sa façon à lui de rencontrer ses amis... Certains devaient se casser la gueule pour atterrir sur de nouvelles connaissances, d’autres se contentaient de… d’être normal. Comme pour marquer son agacement vis-à-vis de son propre comportement, Hugo leva les yeux aux ciel et reprit, sur le ton de la conversation :

-Tu me racontes ta journée, Louny ?