Satine L. Charleston

Des rires, des ballons, des sourires sur les lèvres. Un premier anniversaire parfait. Gary Charleston faisait son possible pour garder en place ces enfants en place à table pendant que sa femme finissait de poser les bougies sur le gâteau, enfin la bougie. Aujourd’hui était un jour spécial, le premier anniversaire de leur petite dernière, leur petite Satine.
Assise sur sa chaise haute, elle riait devant les pitreries de son frère ainé en claquant des mains. Des boucles blondes entouraient son visage encore poupons. Elle avait hérité de ces yeux bleus comme tous ses frères et sœurs. Gary ne put retenir un élan de fierté devant sa petite tribu. Les lumières s’éteignirent. Seule la lueur de l’unique bougie permettait de distinguer les visages de chacun. Charlotte Stevens, marié Charleston, déposa le gâteau devant Satine. La petite avait les yeux grands ouverts, et sa bouche formait un o parfait. Elle semblait hypnotisée par la flamme dansante. Charlotte sourit à son fils, et lui fit signe de souffler à la place de sa plus jeune sœur. Il ne se fit pas prier pour s’exécuter, plongeant la salle dans le noir pendant quelques secondes. « Lumos » murmurèrent Charlotte et Gary, avant de rallumer les lumières de la salle. Presque aussitôt, les rires recommencèrent. Charlotte commença à couper le gâteau et à servir sa famille.
Oui il n’y avait pas de doute, Gary Charleston n’aurait pas pu être plus comblé par sa famille.

Les Charleston étaient une famille modeste et sans problème de la banlieue nord de Londres. Ils habitaient dans un quartier sorcier. Gary venait d’une famille sorcière depuis de nombreuses générations tandis que Charlotte était la première Sorcière de sa famille à sa connaissance. Ils s’étaient connus à Poudlard, et avait mis plusieurs années après leurs diplômes à s’avouer leurs sentiments. Depuis presqu’aucun nuage n’était venu les déranger dans leur petite vie rangée. Ils avaient eu quatre enfants : un fils : Ethan, leur premier, suivi de trois filles : Kahleen, Dylan et Satine. Une belle famille.

Pourtant, il faut croire que tout le monde a des ennemis. Même les Charleston.
C’était une journée tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Le temps était couvert, mais la pluie n’avait pas encore pointé le bout de son nez. Une légère brise s’était levée ne nous faisant pas oublier que le printemps était encore loin. Les enfants emmitouflés dans leurs écharpes, bonnets et manteaux courraient dans le parc sous les regards de leurs mères. Le regard de Charlotte s’arrêta un instant sur Satine assise dans un bac à sable entourée des enfants de ses amis. Ethan, Lisbeth et Dylan s’amusait près des balançoires. Elle sourit avant de reporter son attention à la discussion qu’elle entretenait avec ces voisines.

- Maman ! Maman !
- Oui, Dylan ?
- Faim.

Charlotte soupira, sa seconde plus jeune fille ne faisait aucun effort pour parler. Elle avait beau avoir que 10 mois de plus que Satine, parfois elle se posait vraiment des questions.

- Très bien, on va rentrer. Ethan ! Kahleen !

Ils descendirent de la balançoire et coururent vers elle. Charlotte remit correctement le bonnet d’Ethan dans un geste maternelle. Puis elle se tourna vers sa voisine.

- Ginger, tu peux les garder à l’œil le temps que j’aille chercher Satine ?
- Bien sûr, Charlotte.
- Merci. Bon vous restez ici, je suis de retour dans deux petites minutes.

Charlotte se leva, et se dirigea vers le bac à sable. Seulement Satine n’y apparaissait plus. Les battements de son cœur commencèrent à s’accélérer, ses pas aussi. Mais arrivée à la hauteur du bac à sable, Charlotte du s’avouer l’évidence, Satine n’y était plus. Elle tourna rapidement sur elle, mais ne la vit pas. Elle se précipita alors rapidement vers ses amies.

- Ginger, tu n’as pas vu Satine ?
- Elle était dans le bac à sable, il y a à peine 5 minutes.
- Elle n’y est plus.
- Calmes-toi Charlotte. Ta fille est un vrai boute-en-train, elle est peut-être allée sur le toboggan, ou sur un autre jeu. On va laisser tes enfants à Evelyn, et je vais t’aider à la chercher.
- Maman ! Maman !

Ethan s’était approché de sa mère et tirait sur son manteau.

- Oui mon chéri ?
- Elle est où Satine ?
- Je ne sais pas. On va la chercher. Toi, tu vas rester avec Evelyn et tes sœurs bien sagement d’accord ?

Ethan acquiesça d’un signe de la tête bien franc. Il prit les mains de ses deux petites sœurs et les emmena vers Evelyn. Charlotte et Ginger commencèrent alors leurs recherches. Mais le parc n’était pas si grand, et le nombre de jeu réduit. Elles constatèrent rapidement que la petite Satine ne se trouvait nulle part.

Ginger se chargea d’emmener chez elle les enfants Charleston, alors que des membres du ministère de la magie arrivaient pour interroger Charlotte sur sa fille.
Cette journée tout à fait ordinaire se transforma en cauchemar, la pire journée de la vie de la famille Charleston. On essaya de rassurer Gary et Charlotte, mais les jours passèrent et on ne trouva aucune trace de la petite fille. Jamais.


Famille Hamilton

La famille Hamilton avait tout pour être heureuse. Un duplex luxueux dans le centre de Paris, deux petits garçons courant dans le salon, et même un chat. Seulement, Ludmilla Rochedreux, épouse Hamilton, avait toujours rêvée d’avoir une petite fille. Chose qu’il lui était désormais impossible. Sa dernière grossesse l’avait rendue stérile. Seulement, il en fallait plus à Mme Hamilton pour renoncer. Elle posa donc au ministère français de la magie, une requête d’adoption. Après tout, il devait bien exister des petits sorciers ayant besoin de parents.
Après un an de procédure en tout genre, Mr. et Mme Hamilton reçurent l’approbation. Ils furent contactés quelques semaines plus tard pour rencontrer la personne qui se chargeait de leur dossier.

Lisa Evard était une jeune femme droite. En rencontrant les Hamilton, elle sut qu’ils seraient la famille parfaite pour accueillir la petite file qu’ils avaient recueillie quelques mois plus tôt.

- Bonjour, je suis Lisa Evard.
- Bonjour Mademoiselle.

Ludmilla se contenta d’un simple signe de la tête. Elle était tellement émue, qu’elle ne se sentait pas capable d’ouvrir la bouche sans laisser échapper quelques larmes. Lisa sourit, comprenant et ayant déjà vu cet émoi chez de nombreuses futures mères.

- J’ai une très bonne nouvelle pour vous. Nous avons dans notre centre une petite fille qui a besoin de parents. Et vous semblez être la famille idéale pour elle. Cependant je dois vous mettre au courant de certaines petites choses avant d’avancer dans la procédure d’adoption. Satine, c’est son prénom, a déjà été refusé à être adoptée pour plusieurs raisons. Elle présente de nombreux problèmes, plus ou moins importants.

Charles Hamilton fronça des sourcils, Lisa tournait autour du pot, il n’aimait pas la direction que prenait cet entretien.

- Lesquels ?
- Et bien, Satine est âgée de trois ans, seulement elle ne parle pas. Nous pensons que c’est dû à un traumatisme. Nous l’avons récupérer alors qu’elle n’avait qu’un peu plus de deux ans. Nous ne savons pas d’où elle vient, et ce qu’elle a vécut avant. Mais d’après les médicomages que nous avons vu, ce n’est pas physique. Nous pensons tous que dans un environnement sécurisant et aimant, Satine parlera vite. D’autres tests ont prouvés qu’elle était une petite fille très vive et intelligente pour son âge.
- Bien, je ne vois pas de problème en cela. Quels sont les autres ?
- Oh, il n’y en a qu’un seul autre, et pas des moindres. Nous ne sommes pas sûrs à 100% que Sati e soit d’ascendance sorcière. Nous pensons que oui puisque nous l’avons trouvé perdu devant la porte de mon bureau. Elle n’a pas eu l’air d’être étonnés en voyant le medicomage, n’y même effrayé par les instruments. Et elle semble habituée à ce que l’on se serve de baguette magique devant elle. Vous devez comprendre qu’aussi jeune nous ne pouvons pas espérer de manifestations magique. Mais nous ne pouvons vous assurer aucune garantie sur son ascendance, et si elle est une sorcière ou non.

Charles ne dit rien, et fixa sa femme. C’était à elle que revenait cette décision. Ils venaient tous deux de grandes familles de sorciers. Les yeux de Ludmilla brillaient de larmes. Elle savait que s’ils refusaient, ils devraient encore attendre des mois avant qu’on leur présente un autre enfant. Et puis un de leurs enfants pourraient bien être cracmol, ça ne changerait rien. Elle ferma les yeux pour retenir ses larmes.

- Je la veux.

Lisa sourit, heureuse d’avoir enfin trouvé une famille pour ce petit bout. Beaucoup de couple avait refusé de l’accueillir à cause de cette non-garantie. Ils ne voulaient pas prendre le risque d’avoir un enfant non-sorcier. Elle savait parfaitement qu’elle aurait du donner Satine au service d’adoption moldu, mais elle avait ce pressentiment tenace que sa place était dans une famille sorcière, et encore cette fois, Lisa n’avait pas tord.

- Je suis ravie de l’apprendre. Nous pouvons donc continuer cette procédure. Mais avant laisser moi vous montrer à quoi ressemble votre fille.

Lisa sortit d’une pochette devant elle une photo, et la tendit au couple. Ludmilla la saisit tremblante et découvrit une petite fille à peine plus haute que trois pommes, des cheveux blonds ondulés lui tombant en sur les épaules. Sur la photo, elle avait la tête baissée. Elle la releva, dévoilant ces yeux bleus et esquissa un minuscule sourire. Les larmes coulèrent alors sur les joues de Ludmilla. Elle avait une fille.


Satine L. Hamilton

Je me souviens parfaitement de la première fois où je suis allée dans l’appartement des Hamilton, qui était dorénavant le mien. Je venais d’être adoptée, et apparemment j’avais tiré le gros lot. Je me souviens encore avoir refermé ma prise autour du cou de Charles qui me portait dans ses bras à ce moment-là. La porte d’entrée donnait sur un immense salon. Deux garçons et une jeune femme étaient assis par terre sur un tapis persan s’amusant à un jeu dont je ne me souviens plus. Ils ont arrêtés de jouer et ont relevé la tête vers moi. Les deux garçons n’ont rien dit, et m’ont dévisagé tout comme je le faisais avec eux. La jeune femme s’est levée et s’est dirigée vers moi. Elle a prononcée des mots que je n’ai pas compris. J’avais de moins en moins de mal à comprendre ce qui se disait dans cette langue qui n’était pas la mienne. Lors des quelques week-ends que j’avais passé avec mes parents adoptifs avant de les rejoindre définitivement, ils avaient découvert que je semblais mieux comprendre l’anglais que le français à leur plus grande surprise. Ils en avaient déduit que je venais surement d’Angleterre. Cela n’ posé aucun problème, Charles était anglais. Mais malgré cela, je ne m’exprimais qu’à travers des signes, comme une enfant d’un an.
Charles m’a posé au sol, et je me suis reculée, légèrement intimidée par les deux garçons devant moi. Ils se sont levés, et Charles m’a prit la main pour m’emmener vers eux. Nous nous sommes tous assis, Ludmilla n’a pas tarder à nous rejoindre, le sourire aux lèvres, elle venait de congédier la jeune femme.

- Les garçons, je vous présente votre petite sœur, Satine.

Ils semblaient heureux. Du moins c’est ce que j’en ai déduit en voyant leurs sourires s’étaler sur leurs visages.

- Satine, je te présente tes frères : Adam et Evan.

Le reste de la journée c’est bien passé. Le seul autre moment que j’ai retenu, c’est quand j’ai découvert ma chambre. Elle était à l’étage avec celle d’Adam et d’Evan. Elle était tellement grande, lumineuse et rose. Une vraie chambre de princesse. Aujourd’hui je sais que Ludmilla à déversé toute sa frustration dans la décoration de cette chambre, et je l’en remercie, c’était exactement ce dont j’avais besoin. J’ai prononcé mes premiers mots en anglais le mois suivant. Il m’en a fallut un peu plus pour commencer à m’exprimer en français. Je savais que j’avais trouvé un foyer, qu’on ne m’abandonnerait pas ici. J’étais heureuse.


S. Lullaby Hamilton

C’est à huit ans que j’ai eu ma première manifestation de magie. Et pas des moindres. Je ne me souviens plus exactement comment on en est arrivé là. J’étais avec mes frères, nous étions dans le salon, on s’amusait. Je me suis arrêtée quelques instants pour aller boire, et quand je suis revenue, je les ai observés. Ils ne me ressemblaient en aucun point. Apart leurs yeux bleus peut-être, mais là encore ce n'était pas vraiment les mêmes. J’avais toujours ce poids dans l’estomac, comme si je n’étais pas à ma place dans cette famille. Pourtant je l’aimais, oh oui je l’aimais autant que je pouvais. La culpabilité de ressentir ce sentiment monta rapidement en moi. Il m’avait accueilli, nourri, aimer, et moi en réponse je n’étais capable que de me sentir étrangère dans ma propre famille. Et je m’en voulais pour ça, j’en voulais aussi à ceux qui m’avaient abandonné. Je les voyais dans mes rêves, j’entendais leurs rires, je voyais leurs sourires et je les détestais d’autant plus. Concentré dans toute cette haine je ne m’étais pas rendue compte que les vitres s’étaient mises à trembler, du moins pas avant qu’Evan m’interpelle.

- Satine ! Arrête !

J’ouvrai brusquement les yeux, et un vase explosa. Adam avait les yeux fixé sur les débris alors qu’Evan gardait ses yeux sur moi, inquiet. Il s’approcha de moi, cherchant à comprendre ce qui se passait dans ma petite tête, et j’explosais en sanglot comme une petite fille de huit ans l’aurait fait. Evan me prit dans ces bras, et Adam vint lui aussi, pour me tapoter maladroitement le dos.

- Chuuuut. Ca va aller.

C’est comme ça que nous retrouvèrent nos parents. Nous nous sommes tous les cinq installés dans le salon, et nous avons parlé. C’est une chose que j’apprécie énormément dans ma famille, nous n’avons pas besoin de psy. Quand quelque chose ne va pas, nous nous réunissons dans le salon comme cette fois-ci, et nous parlons. Je suis consciente que c’est une qualité rare dans une famille, de pouvoir parler librement sans être juger, et c’est pour cela que je l’apprécie autant.
Je leur ai donc expliqué mes angoisses, cette haine, ce sentiment d’être étrangère. Je me sentais encore plus détestable après ça, mais tout c’est bien passé. En plus, mes parents étaient ravis de voir que j’étais une sorcière. Mais je voulais m’éloigner de mon ancienne famille, celle qui n’avait pas voulu de moi. J’ai donc décidé avec mes parents de prendre mon second prénom. Désormais je m’appellerais Lullaby, et je chasserais mes anciens démons. Je voulais être heureuse, savourer la chance qui m’était offerte d’être ici.
J’ai tout de même gardé cette gourmette que j’avais quand on m’a trouvé. Mon prénom y est gravé. Je suppose que je ne pourrai jamais me débarrasser complètement de ce que j’étais, et de ce que j’avais avant d’arriver ici. Cela fait parti de moi, et le fera toujours.

Puis Evan est entrée à Beauxbâtons. Il a détesté cette école presque aussitôt qu’il y a mis les pieds. Trop française selon lui. Notre père lui a donc proposé de faire le reste de sa scolarité à Poudlard. Il a accepté, et Adam a demandé à y entrer directement pour sa première année. Il se doutait qu’il ne se plairait pas plus que son frère à Beauxbâtons.
Quand se fut mon tour d’entrer en école magie, je décidai d’aller à Beauxbâtons à la plus grande surprise de mes parents et de mes frères. Je détestais être séparée d’eux, et ils le savaient très bien. Seulement je ne me sentais pas prête à retourner dans mon pays d’origine.

J’ai donc rejoins les rangs de l’école française pour ma première année, ainsi que pour ma seconde, ma troisième et ma quatrième année. Seulement mes frères me manquaient, et j’avais l’impression de passer à côté de quelque chose. J’avais peur de les perdre aussi. Ils avaient maintenant des amis que je ne connaissais pas, une vie dont je ne faisais pas partie… Puis mes parents ont achetés cette maison dans le sud de l’Angleterre près de la mer. J’ai compris que je ne pourrai pas y échapper toute ma vie, que je devais affronter mes anciens démons. Et puis de quoi avais-je peur ? Si mes parents m’avaient abandonnés, il y avait peu de chance qu’ils en aient eu d’autre et qu’ils se trouvent à Poudlard non ?
J’ai annoncé mon attention de rejoindre les rangs de l’école de magie britannique cet été. Je n’avais pas vu mes frères aussi heureux depuis très longtemps. Il est temps pour moi de dépasser tout cela.

Allez By’, courage. Poudlard, j’arrive !