Imposons la pâleur à l'éternité face à notre immuable infini. Amadéa.
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James S. Potter
Messages : 238 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 33
Sujet: Imposons la pâleur à l'éternité face à notre immuable infini. Amadéa. Mer 26 Mai - 9:01
Amadéa & James
« Imposons la pâleur à l'éternité face à notre immuable infini »
« Mad »
Un souffle, ma plume reste en suspens, indécise et anxieuse devant le parchemin jauni par les années d'inutilité. Une larme d'ébène s'abat sur le morceau qui absorbe la tâche en laissant une profonde cicatrice encore sanglante. Je grimace, noie la pointe de ma plume dans mon encrier et reprend : « Madée,
Rejoins moi à la tour de l'horloge, cette nuit. »
Mes lèvres s'écartent en un sourire faux. Je ne crains pas le courroux de cette jeune femme, bien qu'elle pourrait m'en vouloir de lui adresser un rendez-vous en pleine nuit, bravant alors quelques règlements du château. De plus, je ne redoute pas l'impact qu'aura la promptitude de cette missive, n'ayant jamais fait dans les grands mots. Mon écriture fine affuble le parchemin d'un « James » rapide, je roule grossièrement le petit mot et le confie à un de ces volatiles plus ou moins dégourdis. « Vole » lui soufflai-je, l'attirant vers la fenêtre, mes yeux ne le quittant que lorsqu'il aura tourné au niveau de la tour des Poufsouffle.
La période estivale s'était écoulée doucement, trop lentement. Malgré les brèves envoyées à ce que je considérais comme ma meilleure amie – pour ne pas entrer dans de vagues et intrigantes réflexions -, la distance était de trop. Les journées en sa présence manquaient à ma vie depuis que je l'avais rencontrée lors de ma première année. J'ignore ce qui a voulu entrelacer nos vies de ce lien si immuable, mais je sais que depuis cette première rencontre, elle est devenue comme une addiction, un besoin de savoir qu'elle est là, pas si loin, que je peux la toucher, la sentir, la voir rire et réagir. Tout ça, tout ce que je ne peux voir par des lettres, ces morceaux de papiers si froids, si ternes comparés à toute la vie qu'elle laisse épanouir en elle et s'évacuer par ses pores de manière si lumineuse, en doux carnaval.
Ce monstre grandit en moi et me brûle les entrailles par cette nécessité de la voir, cette angoisse vis-à-vis de son état de santé tout comme la curiosité de ses aventures passées dont je ne pouvais malheureusement faire partie. Alors, je ne pouvais attendre la rentrée scolaire, je ne pouvais attendre le début des cours pour espérer la croiser dans un couloir au petit bonheur la chance. Il me fallait lui fixer un rendez-vous, cette nuit, peu après la cérémonie de répartition des premières années qui s'embarquaient sans réellement le savoir dans ce qui pouvait être la plus longue aventure de leur jeune existence. Mon devoir constituait à rompre cette privation du satin de sa peau au parfum de son âme.
Le crépuscule asphyxie le château de sa semi-lueur. J'observe ce soleil agonisant derrière les montagnes du pays. Les souvenirs me hantent, mon esprit impatient d'en créer de nouveaux avec elle. Je me dévêtit nonchalamment, troquant cet habit trop officiel pour mon simple uniforme d'apprenti-sorcier. Les pans de ma chemise s'écroulent contre mes hanches, la cravate écarlate assassine la blancheur de l'étoffe. Encore une heure, et la voie vers l'amitié perdra son caractère scabreux.
La tour de l'horloge est abandonnée de tous, meurtrie par son marginalisme et les actes qu'elle a abrités. Je m'allonge contre une plate-forme, mes yeux fixant les fondations dévaluée de la tour. Le froid transperce ma chemise, envahit mon échine et mes flancs. Je ferme les yeux, éreinté, anéanti. Plus que quelques minutes, et ce masque naturel tombera pour celui de l'adolescent comblé que je montre si facilement, pour ces autres. Encore quelques milliers de secondes, et je ne me préoccuperais que d'elle, cette Providence déchue par un monde perverti de ses ignares ancêtres.
Sujet: Re: Imposons la pâleur à l'éternité face à notre immuable infini. Amadéa. Mer 26 Mai - 21:24
Ça n’existe pas. Une amitié parfaite, qui dure une éternité. On se ment soi-même, on dupe notre âme ; il est plus aisé de se bercer d’illusions que de briser nos rêves. Croire que les rires ne s’envoleront pas, que les sourires ne se dilueront pas dans le goût amer des larmes. Se berner, laisser la joie envahir notre cœur, le bonheur étirer nos lèvres. Jusqu’à ce que la dague tranchante de la réalité nous rattrape, cisaille nos étourderies, fout le bordel dans notre esprit. En vérité, tout ce qui tient debout s’écroule un jour, brisé par le poids des problèmes et des négligences. On peut lutter, refuser l’échec, ne pas accepter ce qui est inévitable, en gaspillant inutilement nos forces. En vain. Être proche d’une personne, c’est prendre le risque de se faire mal. C’est être maso, ou complètement imbécile. Parce qu’en final, on finit toujours par souffrir.
Du plat de sa main, Madée lissa sa chevelure blonde. Ses pensées amères, mélangées à cette horreur qu’est la maladie, avait diminué considérablement son temps de sommeil ; sous ses yeux, comme des nouveaux riches cherchant à se faire voir, des cernes bleuâtres fanfaronnaient. La jeune femme enfila rapidement une robe blanche. Ce n’était pas l’uniforme conforme de l’établissement mais par merlin! qui allait se risquer à lui faire la morale à elle, une préfète? D’autant plus qu’il faisait nuit, ce qui diminuait considérablement les risques de rencontrer une âme indiscrète. Dans quelques minutes, James allait être à ses côtés, compliquant ainsi davantage la situation, accentuant la torture qui était déjà la-sienne, depuis la rentrée. Rompre l’enchantement. Anéantir ce qui de toute façon, ne durera pas. Pour affronter la souffrance, l’emprisonner avant qu’elle ne prenne le contrôle de l’être, jusqu’à la brûler avec une rage irascible. Peut-on réellement mettre un terme à une amitié, terrassé par la peur? N’est-ce pas lâche, que de vouloir sauver sa peau, terrorisé par la perspective de perdre son humanité en cours de route ?
Bordel. Elle haïssait ces questions, elle abhorrait ce qu’elles engendraient chez elle. Le goût d’abandonner, de tout lâcher. Pour oublier cette crainte infondée, ce trouble-fête qui s’amusait à ses dépends, en jouant avec ses nerfs. Paraître calme. Elle réussissait, bien sûr. Mais à quel prix, si ce n’est celui de se détruire, de s’inhaler dans des tourments infinis ? La blonde secoua la tête , chassant ses pensées comme d’autres chassent une mouche ; son épinglette de préfète sur la poitrine, elle se mit aussitôt en route vers la tour de l’horloge. James… Son ami, son frère. Elle l’aimait de cet amour pur et innocent qu’ont les enfants envers leurs parents mais aussi de cet amour sauvage, incontrôlable qui ne peut être attribué ni au camarade, ni au fidèle compagnon si ce n’est à l’amant lui-même. Non pas que le gryffondor méritasse ce qualificatif…C’était malsain, terriblement malsain. D’être aussi dépendant à une personne qu’à la nicotine. La poufsouffle avait bien tenté de mettre fin à ce qui, tôt ou tard, leur causerait beaucoup de peine ; mais c’était inutile. Il était une drogue, une nécessité. Une tornade, un ouragan. Qui déchaînait les éléments dans son corps, l’obligeait à plier, à confondre sa personnalité. Pour n’être plus qu’une femme ,vulgaire créature sans but précis. Si ce n’est de vivre, de ne pas le perdre de vue… S’éloigner de lui, perdre son oxygène, mourir. Il est bien parfois, de ne pas combler toutes les exigences.
Elle le vit en même temps que le paysage, mais, n’arrêta son regard que sur sa silhouette qui se détachait clairement dans la pureté des astres. D’un bond, Amadéa le rejoignit et s’allongea près de lui, nichant aussitôt sa tête sur son épaule, comme dans un geste machinal. Que c’était bon, de le retrouver!
Amadéa – « Tu m’as manqué.»
Un jour, elle essayera sérieusement. De mettre une distance entre elle et ce jeune homme qui occupait une place si importante dans sa vie. Un jour, elle en aura le courage…Mais ce moment fatidique n’était pas encore venu ; elle avait encore trop besoin de lui. Et puis, ne lui restait-il pas cinq mois ? Pour faire le vide autour d’elle…Pour décéder en laissant peu de gens dans le deuil.
James S. Potter
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Sujet: Re: Imposons la pâleur à l'éternité face à notre immuable infini. Amadéa. Sam 29 Mai - 12:38
Mes paupières lourdes s'abaissent sur la réalité. La vue m'étourdit, mon ouïe se stoppe sur le tic-tac incessant de l'horloge, tandis que le vent glacial me lacère le visage. Mon cœur rapide tente d'apprivoiser le rythme de l'horloge, en vain. Des souvenirs me hantent, toujours les mêmes, indestructibles, omniprésents. Je les arbore depuis si longtemps – bien trop longtemps. Avec qui pourrais-je enfin les partager de sorte d'être envahit de cette sensation de relâchement, de liberté ? J'expire profondément, des voix lointaines et incompréhensibles venant d'élèves à l'extérieur du château venant jusqu'à moi, telles des blâmes, des jérémiades. Puis, je l'entends. Ce pas léger, doux, comme si elle marchait sur des nuages. Le froissement de sa robe blanche, je me force à ne pas tourner la tête, préférant attendre de la sentir contre moi avant d'ouvrir les yeux.
Sa tête se cale contre le creux de mon épaule et mon bras longe son flanc, machinalement. Je souris doucement, ouvrant enfin les yeux sur ce ciel obstrué par les fondations de l'école de sorcellerie. Sa voix brise le silence, tandis que je fixe tristement la tour. Trois petits mots, qui ont tout l'impact du monde sur moi, puisqu'ils possèdent son timbre, sa voix, sa manière d'être et d'atteindre. Je me tourne délicatement, un large sourire apparaissant sur mon visage. Ce n'est que le début du jeu.
« Je sais, tu ne peux te passer de moi. »
Mes lèvres dévorent son cou, la serrant à l'en étouffer, tel un lionceau désirant jouer avec ses frères. Dommage que ce soit plus que ma sœur à mes yeux, cela aurait évité bien des douleurs. Néanmoins, si je ne nourrissais pas cet amour bien particulier en moi, je me sentirais bien trop vide, bien trop pâle. Je l'entends rire légèrement et je double d'intensité mes attaques affectueuses. Douce mascarade pourtant si sincère. Je reprend ma position initiale, laissant filer quelques rires, ce sourire illuminant mon visage. Puis, je me retourne vers Amadéa, et lui demande, le plus sérieusement du monde :
« Comment vas-tu ? »
Question piège qui la fera peut-être grimacer. Je refuse cependant de l'éviter, elle est trop cruciale au bonheur de ma journée. Et puis, ce ne sont point les mots que je recherche de cette question, mais la réponse que m'offrira son regard, son corps tout entier, dont je connais mieux qu'il le faudrait les mécanismes. Amadéa a beau être une joueuse redoutable, lorsqu'on trouve son égal, le déguisement tombe lâchement en lambeaux. Un silence plane, l'horloge nous rappelle le temps filant.
« J'ai quelque chose pour toi. »
Je croise son regard océanique, m'y noie dans ses abysses et glisse un baiser sur son front haut. Un « Tu m'as manqué aussi » sauvage feint entre nous. Ma main plonge dans une poche large de ma cape de sorcier recousue ici et là. Mes doigts se heurtent contre le petit coffret rouge sang qui tient si facilement dans le creux de ma paume, je l'en extirpe, l'attire vers la réalité du grand jour et le dépose sur le ventre plat de la jeune Poufsouffle.
« Un présent pour se rappeler le passé et provoquer le futur. »
Je patiente, l'horloge nous imposons encore ses marques maudites. Encore quelques coups, et le coffret se fendra sur lui-même, laissant au soleil capricieux le choix de se refléter sur le pendentif orné d'une fleur de vie. Chacune des treize sphères protègeront de toute leur magie et leur prétention les méandres de la vie de cette jeune femme. Treize sphères reposant sur les lois du réel, offrant tout l'univers à quiconque l'arbore. Car la vie est une chose, le ciel en est une autre, mais l'univers ne fait que tout regrouper en lui dans un mélodieux mystère.
Il y a ce sentiment que certains se plaisent à appeler l’amour. Celui qui donne soi-disant des ailes à l’amant, qui volera ainsi jusqu’au balcon de sa douce. Celui qui agite le cœur, bien que sa corrélation s’arrête simplement à précipiter ses battements, dans une course déchaînée où le vainqueur ne peut toucher sa récompense. Celui qui plombe de lourdeur les mains et les jambes, jusqu’à ce que l’impression d’être une masse, un poids qui tombe dans les abîmes de l’océan, donne des vertiges et pousse la victime à se croire légère, mélangeant les véritables raisons de son malaise. Celui qui envahit l’esprit, y poussant en-dehors la prudence et la méfiance, pour les remplacer par la naïveté et la douceur. Celui qui occupe tout, ne laissant de place qu’à l’âme, ce colocataire fort aimable avec qui il négocie, jouant le bonheur de son hôte…
Madée fixait son ami avec bienveillance ; ses yeux brillaient de malice et d’attachement, ses mains demandaient déjà à se fixer sur le corps de celui qui avait sût gagner sa confiance. Tu perds le contrôle. Toujours et encore. Parce que rester droite, ce n’est pas dans tes habitudes. Et parce que l’amitié a ce pouvoir bien étrange qui consiste à altérer la pensée de ceux qui sont proches, de sorte qu’Ils se retrouvent sur le même diapason, la poufsouffle ne s’étonna pas de l’écho que faisait James à ses réflexions. En effet, comme en réponse à un ordre muet, son camarade s’était emparé de son cou et multipliait les attaques affectueuses. La blonde tressaillit un instant, s’abandonnant ensuite totalement à la poigne de celui qui devenait un homme. Un rire s’échappa de sa gorge, son doux et cristallin, de-même qu’un sourire s’étira sur lèvres vermeilles. Rigoler, comme toutes celles de son âge, se permettre de rêver et de faire semblant, ne serai-ce qu’un moment, que celui qui s’amusait ainsi de sa peau était bien plus qu’un ami… Foutaise. Tu ne sais plus inventer, ton imagination a crevé avant même que ta chair ne dépérisse.
Elle se souvenait. De ce soir où le verdict avait été rendu, où l’horrible maladie avait quémandé sa vie, sans rançon ni sursis. Elle s’était battue, avait gagné la bataille… l’odieuse lui avait accordé 5 mois de plus . Ce n’était pas suffisant. Amadéa avait pleuré, supplié, cogné. Son cri avait un nom, sa douleur en appelait une autre. Il était venu, elle lui avait tout raconté. Qu’elle faiblissait, de jour en jour. Que ces marques bleuâtres sur son bras, non, ce n’était pas dû à une mauvaise chute au Quidditch. Et la souffrance s’était faite forte, insupportable. Elle cherchait à oublier, à se perdre dans un univers différent que ce désert qui se proclamait maître de son âme. Il était là , elle était mélangée, hors d’elle ; ses mains avait parcouru cette enveloppe charnelle qui se mourrait, ses lèvres s’étaient emparées des-siennes. Ce n’était pas allé plus loin. Mais pour elle, c’était déjà trop.
Cacher son trouble. Amadéa s’efforça d’apparaître naturelle, exempté faussement de toute réminiscence, lorsqu’elle reprit sa position initiale. N’était-elle pas habituée à agir ainsi ? Camoufler ses réflexions, garrotter ses réflexes, bastonner ses rêveries. Elle frissonna pourtant malgré elle à la question du jeune homme. Lui répondre, c’était lui admettre que la mort, tranquillement, prenait le-dessus. Que cette sournoise adversaire cherchait à l’emporter et que bientôt, elle devrait rendre les armes. Tu hurles mais ta bouche est fermée ; tu cognes mais tes poings sont liés. Abandonne. Qu’arriverait-il, lorsque le gryffondor saurait tout cela ? Certes, elle l’avait informé de sa maladie, mais, avec cette petite touche optimiste qui la caractérisait si bien. Elle ne lui avait pas dit que chaque moment était pour elle un prélude à l’éternité, que chaque seconde pouvait très bien être la dernière. Elle ne lui avait pas dit que, du mariage ou de la dernière onction, elle risquait davantage de connaître le dernier sacrement. Que cela l’attristait parce qu’elle, elle rêvait d’une robe blanche et d’un autel, d’enfants bouillant d’énergie et d’un mari. Elle ne lui avait pas dit, que bientôt, il lui apporterait des fleurs. Des roses, des violettes, des lys. Et que ces fleurs resplendissantes, bourrées de vitalité et de couleur, il les poserait sur une pierre tombale en essuyant, peut-être, une larme sur sa joue. Elle ne lui avait pas dit parce qu’entre amis, il est bien parfois de ne pas tout se dire.
Et la main qui s’empare de celle de son copain, serre ses doigts. Quelques secondes. Pas plus, pas moins. Qui passent pourtant avec une lenteur absolue, étirées à l’infini par des mains étrangères au malheur d’autrui. Tel un sablier qui s’écoule d’un grincement malhabile, obstrué par quelques grains ayant eu la vulgaire mission de s’infiltrer dans l’horaire des durées. Un moment, si petit fut-il, qui vole l’éternité aux heureux gens, tant sa longueur est en contraste avec ce qu’il représente réellement. Le temps d’un claquement de langue et de dents, d’une tentative désespérée d’arranger sa chevelure. Puis la conscience de l’acte, de l’incidence de ces précieux instants qui en somme, devraient être ralentis alors que précédemment, ils semblaient accélérés. Cette manie, de voir différemment les choses. Parce qu’en définitive, rien n’est fixé, les événements se déroulant selon l’idée qu’on s’en fait, indépendamment de ce qu’il en est dans l’esprit des autres, branchés sur le simple diapason de nos réflexions.
La jeune femme posa un regard intrigué sur celui qui lui promettait un cadeau. N’avait-il donc pas compris ? Le futur n’existait pas. Ce n’était qu’un leurre pour calmer les esprits échafaudés, qu’un mot dérisoire pour rassurer ceux qui craignaient tant d’avancer. Une illusion, une chimère hypocrite qui se veut à la fois rebelle et moderne, douce mais cruelle. Elle n’y croyait pas davantage qu’à l’espérance, n’y accordait pas plus d’importance qu’à ce syntagme ridicule qui se nomme ʺespoirʺ. Lui dire, pourtant, était trop dur, trop antipathique. Elle se contenta de feinter un air joyeux en fixant l’objet posé sur son ventre ; au bout de quelques coups, un pendentif se révéla à ses yeux. Ses lèvres s’étirèrent. Elle se redressa, quittant la position tant appréciée et après quelques infructueuses tentatives, attacha le présent à son cou. Le bijou reflétait doucement la lumière du soleil, dorant la peau de son ami. Abhorrant un air moqueur sur son visage angélique, la préfète se pencha jusqu’à l’oreille du jeune homme, effleurant son torse de son buste.
Amadéa –«Si je ne te connaitrais pas, je penserais que tu cherche à attirer ma sympathie »
Un sourire espiègle naquit à nouveau sur sa bouche alors qu’elle appliquait celle-ci sur la joue de celui qui la comprenait si bien ; sourire qui se figea lorsqu’elle prit conscience de la promiscuité de leurs deux visages.
Amadéa – « Merci… »
Il y a ce sentiment que certains se plaisent à appeler l’amour. ..et il y a ceux qui ne sont pas capable de le reconnaître.
James S. Potter
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Sujet: Re: Imposons la pâleur à l'éternité face à notre immuable infini. Amadéa. Lun 7 Juin - 14:26
Le narquois naît sur mon visage tandis que ses frêles doigts s'appliquent effrontément à nouer le pendentif autour de son fin cou. Ses cheveux farouches voilent rapidement le mécanisme, alors que les ondulations resplendissent doucement sur ses courbes. Je retiens mes doigts de les effleurer, tandis qu'elles s'échappent cruellement. Ses lèvres s'abritent vers mon oreille, laissant filer ces mots suavement, qui, tels des court-circuits, font rater des battements à mon cœur.
«Si je ne te connaitrais pas, je penserais que tu cherches à attirer ma sympathie »
Sa sympathie ? Je n'en avais qu'à faire, de celle-ci. Je voulais l'inaccessible, l'inatteignable. Je voulais plus que de la sympathie, je la voulais elle, toute entière. Je la désirais en un tout, et je ne me contentais jamais de simples pièces. Je ne posséderais jamais la patience légendaire de lutter pour toutes les récupérer et former ce casse-tête qui la représenterait dignement. Je ne souhaitais guère attendre, je voulais exister dès aujourd'hui. Et puis, j'estimais entretenir déjà la sympathie de cette jeune femme. La seule interrogation qui clamait était le « quand ». Le moment où le portrait sera offert tout entier sans que je l'arrache ou j'ose l'exiger. Chaque heures seraient donc une victoire, chaque minute une ode à l'endurance et la patience. « Plus t'attends, plus c'est bon. » Foutaise. Cela ne provoque que le lassement, l'ennuie, l'oisiveté ; voire le désespoir.
Un frisson parcourt mon échine, se heurte contre ma nuque, tandis que ses lèvres se reposent sur ma joue. Un sourire frôle mon visage, tandis que la douceur est remplacée par ce vent glacial qui s'y acharne. Elle me remercie, je détourne le regard vers sa pâleur, l'air sombre.
« Ne dis jamais merci avec moi, Madée. »
Un éclair transperce deux lapis-lazulis farceurs, alors, que d'un geste vif, je la déstabilise et force la gravité à un atterrissage sur moi. Un sourire satisfait m'éclaire, le bout de mes doigts arpentent l'épi d'or coulant sur moi. Un nouveau retour. Je ferme les paupières, inspirant profondément l'air à m'en décalquer les poumons. A la fin de l'année, les ASPIC m'attendent, et avec leur obtention viendra mon départ de l'école de sorcellerie. Alors, je n'aurais plus la chance de voir Amadéa partout, la croiser inopinément dans les couloirs, croiser son regard dans la Grande salle, lui envoyer des missives ornées de rendez-vous et d'escapades promettantes. Plus rien, que de la solitude, que de l'obscurité, que de la terre. J'ignore même ce qu'elle adviendra l'an prochain, et en y réfléchissant, je suis ignorant de tous ses plans du futur. Madée est synonyme de Carpe Diem à mes yeux, alors l'interroger sur les jours qui suivront me semble une bien pâle chimère. Un inaudible soupir s'égare dans la brise, et je plante mes pupilles sur le visage de la Poufsouffle.
« Tu me pardonnerais tout ? »
Je me redresse, l'attirant dans ma position. Ses cheveux me caressent le visage alors que ses pupilles me dardent sans retenue. Je les fuis, les attirant de nouveau sur ses cheveux que je retire maladroitement derrière ses oreilles afin de dévoiler ses traits fins. Mes doigts se perdent le long d'une mèche, s'alimentant de la témérité qu'il me faudra pour me lancer dans ce qui semble être une fosse aux lionnes. Je l'affronte, me noyant sans merci dans l'éclat de ses iris, le silence régnant continuellement. Cinq secondes. Cinq petites secondes.
« Absolument tout ? »
Je rapproche mon visage du sien, comme j'avais l'habitude de faire lorsque je souhaitais la charrier ou la déstabiliser. Une habitude digne de James Sirius Potter qui se montre déplorablement désagréable pour d'autres. Sauf peut-être pour elle, la seule qui en a droit réellement, contrairement à ces badauds qui ne font que commenter à distance. Son souffle se noue à celui du vent, caresse mon visage et réchauffe chaque parcelle de celui-ci faiblement. Je ne cille plus.
« T'oublierais le passé, le présent, le futur, t'oublierais le temps, les faits, les choses, les sentiments ? Tu zapperais tout, pour un simple pardon ? »
Je vogue sur son visage, redécouvre ses traits, grave ses traits, son nez, ses joues rosies, ses lèvres closent. Foutaise. Névrose. Folie. Stupidité. Égoïsme. Stand-by, encore quelques secondes. Réflexions superfétatoires, lynchage de synapses, perte de temps inexorablement précieux, jeux futiles, jeux dangereux, jeux brûlants, jeux voués à l'échec. « Ce n'est pas de ta faute, si je baisse les bras. » Un coup d'œil vif, à la recherche de ce masque. De ce maquillage pour tout retirer, tout ôter, tout effacer, tout gommer, tout oublier. Non : tout cacher. Cacher le vrai, déguiser les preuves, baver sur la réalité. Oublier l'impossible. Haïr le désir. Bafouer les peurs et contrôler la sagesse. Absurde sagesse. A quoi sert-elle, si ce n'est que nous transporter doucement six pieds sous terre, dans une oisiveté parfaite ? Mes entrailles hurlent cette douleur sanglante, et cette tête froide se voile. Le cyclone est enfanté.
Fermer les yeux. Pour voir, dans l’absence de ce sens, ce sentiment qui gonfle la poitrine jusqu’à s’enivrer, non pas de vin, mais d’une substance aussi pure qui nourrit le sang d’énergie, la tête d’illusions, et l’esprit, de volonté. Les rouvrir. Et n’essayer point de se duper ; l’âme sait très bien ce qu’elle recherche, malgré nos tentatives désespérées pour la tromper, elle aussi. On fait tous des rechutes. Parce que l’humain, dans son intarissable et évidente faiblesse, ne peut trouver le repos que dans la satisfaction de ses envies et la complaisance de sa chair. Tirer notre joie de la satiété, se soûler d’un bonheur davantage conquis qu’acquis. L’effort ne vient pas de l’homme, sinon il aurait disparu. Et pourtant…il arrive parfois que même les personnes les plus intentionnées coulent, enracinées dans des années d’habitudes qui ne peuvent être anéanties par le simple pouvoir du verbe vouloir. Alors, c’est la déchéance.
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Il n’était pas si tard. Dehors, les oiseaux entamaient un dithyrambe à la nature alors que sur la surface miroitante, un canard nageait allègrement. L’eau la submergea ; autour d’elle, les choses cessèrent de remuer pour s'assembler dans un tout parfait. L'harmonie. Elle n'avait rien regretté. Ni sa coupure à la main, à cause du miroir, ni ce plongeon dans les eaux du lac. Madée avait ouvert la bouche, dans un ultime réflexe. Sans pitié, le liquide s'était engouffré dans sa gorge, brûlant ses poumons, anéantissant sa volonté. . L'asphyxie. Pendant un instant, elle avait crût qu'elle avait réussi. Son corps était lourd, sa tête aussi. Elle allait couler. . Disparaître. Se noyer dans les abîmes du lac, abandonnée. Le néant. Ses yeux se fermèrent d'eux-mêmes, ses pensées se brouillèrent. Remonter. Tel était le message que lui envoyait son cerveau. Respirer. Elle tenta d'inspirer, mais l'eau ne fît que rentrer davantage dans son organisme. Trop tard. Elle allait mourir. N'étais-ce pas ce qu'elle voulait ? Décider elle-même du moment et de l’heure, ne plus avoir à s’attacher à des gens qui la regarderaient mettre en terre. .
Sa tête creva la surface et instinctivement, elle prit une grande respiration. La jeune fille se sentit amener dans la direction inverse qu'elle avait empruntée avant de plonger. Crier. Pour qu'on la lâche, pour qu'elle puisse retourner dans ce lac et achever ce qu'elle avait commencé. Elle était faible, quelques secondes de plus seraient suffisantes pour qu'elle atteigne son objectif... Elle sentit qu’on la déposait sur le rivage, qu’on s’occupait d’elle. Et elle comprit. Que désormais, elle ne tenterait plus rien pour nuire à sa vie. Le courage lui manquerait ;la mort ne venait-elle pas de lui prouver qu’elle se voulait seule maîtresse de sa destinée ?
**
Sous sa chevelure d’or, Madée se sentit rougir. Pourquoi n’avait-elle donc pas le droit de le remercier ? Sa mémoire avait conservé chaque geste tendre, chaque parole rassurante. Il était son ancre, celui qui lui permettait d’avancer, bien que d’une démarche fort hésitante. Sauf qu’elle n’allait pas lui dire ; avouer qu’elle était faible, qu’elle dépendait ainsi de lui, était au-dessus de ses capacités. Orgueil déplacé, témérité effacée… Parce que parler, c’est trop dur. Il est plus aisé de se taire, d’occuper notre esprit pour ne point parvenir à des conclusions non-désirés. Duper notre cœur, le baratiner jusqu’à ce qu’il oublie l’envie, l’appel de la chair. T’vas crever, d’toute façon. À quoi bon rêver ? James pouvait avoir toutes celles qu’Il voulait, les écrouer dans un piège de possession où lui seul serait l’acteur, le seul possesseur de la clé libératrice. L’aimer, se serait s’enfoncer un poignard dans cet organe pulpeux qui nous permet d’exister, se serait jouer à nouveau contre la faucheuse, en se moquant d’elle. Camoufler ses pensées, ne point laisser voir son trouble ; une moue boudeuse s’afficha sur le visage de la belle. Ne rien laisser transparaître, garder le masque. Le laisser tomber, c’est se mettre à nu, perdre l’innocence. Au profit d’une vie au dessein obscur et malheureux…
Amadéa –« J’te remercierai si j’le veux, James Potter, et ce n’est sûrement pas toi qui va m’en empêcher… »
Taquinerie hypocrite, simulée. Parce que le sourire est aussi faux qu’il semble honnête, parce que la voix est aussi chevrotante qu’elle paraît assurée. Se mentir à soi-même en niant l’importance des rêveries, en accordant à la réalité une immense place fatidique. Ne flanche pas. Une minime secousse, suffisante pour que le corps échoue sur celui qu’elle abhorre pour cette attirance qu’il exerce sur elle. Et cette main qui glisse dans ses cheveux, doucement. Situation parfaite, moment merveilleux. Interrompu par cette ébauche sordide , cette image fugace d’un être qu’on enseveli, d’un cercueil qu’on referme…Sa voix qui chasse cette vision de l’avenir, la pousse à se détester. Jusqu’à ce que les paroles se fraient un chemin dans les abîmes de ses peurs, l’oblige à lever les yeux vers James, déstabilisée. Tu délires, petite martyre. Reviens sur terre ; dans deux mois, il ne se souviendra plus de toi.
Amadéa – « Je… »
Et les mots qui restent coincés, qui refusent de s’avancer dans ce silence chargé d’électricité. Ces couards craignent leur portée, leur cruauté. Des lâches qui ne veulent avouer qu’au bout du tunnel, c’est les ténèbres. Et son visage, si proche…Madée se suspendit à son regard, se laissa couler dans ses profondeurs. S’y perdre, jusqu’à se lasser de cette clarté pour ensuite désirer ardemment sa sombre destinée. Chimères et illusions. L’utopie n’est-elle pas une malédiction ? Ne pas se détacher de ses yeux lui demandait un suprême effort ; ses pupilles voulaient loucher du côté de sa bouche, ses mains menaçaient de flancher en reniant cette amitié si compliquée. Se contrôler, toujours, en tout temps…Elle y était habituée, de toute façon.
Amadéa – « James… si c’est ce que tu voulais savoir… Je te pardonnerais, si tu me laissais tomber. Je comprendrais parfaitement, même…. »
Les lèvres qui s’étirent à moitié, en tentant vainement de dédramatiser la situation. La poufsouffle était toujours trop directe, lorsqu’elle parlait de sa mort ; les phrases s’échappaient, vraies et blessantes. Elle aurait, certes, pu les retenir mais à quoi bon ? La réalité était clair, limpide. Et si sa langue, par hasard, fourchait, les marques sur sa peau étaient là pour rappeler à ses amis sa nature de mourante. Alors que James, lui, était bien vivant…Que faisait-il donc auprès d’elle? Sa main qui s’étire, caresse la joue du jeune homme avec douceur. Il est si dur de dire adieu…Sa tête tourne vivement de gauche à droite à ce simple « partons » , ses bras encerclent le cou du gryffondor, sa peau touche la-sienne. Parce que parfois, il est trop difficile de résister.
Hj: Post pourri, désolé.
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Sujet: Re: Imposons la pâleur à l'éternité face à notre immuable infini. Amadéa.
Imposons la pâleur à l'éternité face à notre immuable infini. Amadéa.
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