Amadéa R. Belisario
Messages : 21 Date d'inscription : 25/05/2010
| Sujet: une rose sans épines Mar 25 Mai - 19:35 | |
| Amadéa Rose Belisario
Aimable – Douce – Souriante – Drôle – Généreuse – | | – Orgueilleuse – Sensible – Méfiante – Secrète – Susceptible
|
Amadéa, oh fleur fânée!...Amadéa aime rire et s'amuser ; elle aime goûter le soleil sur ses lèvres et savourer la pluie sur sa peau. Parce que pour elle, vivre, c'est profiter de chaque moment, de chaque seconde. C'est de chanter des hymnes à la joie et des cantiques joyeux, simplement pour exprimer un bonheur qui, par sa présence, n'est qu'un prélude à l'éternité. Quand une ombre passe sur son visage, c'est pour repartir aussitôt ; un sourire factice s'établira alors sur sa figure d'ange et on oubliera ce nuage qui précède un orage.
Amadéa, oh lune déguisée ! ...Amadéa préfère mentir plûtot que d'avouer qu'elle va mourir ; car l'admettre, ce serait alors laisser croire à la mort qu'elle a gagné. À mesure que les jours passent, sa peau perd de son éclat, ses yeux, de leur brillance. Son sang s'échappe , sa vie tente de fuir. Pour aller ailleurs, là où elle n'aura pas à souffrir, à cacher à tous qu'en vérité, la jeunesse n'est pas éternelle. Son existence s'achève dans des tourbillons colorés , son corps se décompose. Mais Madée continue à sourire...parce que décéder triste, c'est trop cruel.
Amadéa, oh tumultueuse rivière!... Amadéa rêve d'avoir des rêves. Parce qu'actuellement, seul le présent veut bien d'elle. L'avenir l'a reniée, le passé l'a chassée. Vouloir se battre, c'est se contraindre à lutter vainement contre un mal dont on ne guérira jamais. C'est permettre aux autres d'espérer, en puisant dans nos dernières forces. Les-siennes s'épuisent...Et bientôt, il sera trop tard.
I used to be a kid...T H E . S T O R Y . O F . M Y . L I F E
« Tu déconnes, Madée. » Une brûlure. Le temps de reprendre son souffle et une bouffée, de faire descendre toute cette fumée dans nos poumons. Parce qu’on s’en fout. De notre corps, de notre esprit . Une décadence, celle de la chair . Elle va crever, d’façon . À quoi bon la préserver ? « Ta gueule. » Les bras qui bougent au rythme de la musique, les bassins qui s’heurtent et les lèvres qui se cherchent. « Tu vas le regretter… » La dernière tentative. Les barrières tombent, les résistances s’évaporent. Il est trop difficile de contester, si facile de céder. « Je t’ai dis de te taire. » Et il se laisse faire, se laisse dominer. Elle veut et on ne refuse rien à une mourante. C’est une excuse, on le sait bien. Pour se laisser dépérir, pour ne pas combattre. Trop d’efforts. Les langues se mélangent, les bouches cherchent la saveur de la peau. Jusqu’où peut-on aller pour se détruire ? La femme abandonne un instant son partenaire, empoigne une bouteille de vodka. S’inhaler. Perdre le contrôle de la réalité, saccager notre organisme avant que la maladie ne s’en charge. Bref instant de lucidité, moment d’intelligence. La brume n’est pas éternelle ; seul le ciel l’est. «J’veux pas que tu sois soûle durant… » L’alcool est jeté sur le mur, interrompant la sordide phrase. Le verre éclate, se niche sur le sol. Elle saisit un morceau, le regarde fixement. « Ne te mêle pas de ma vie. » Et l’arme improvisée s’approche, interrompant sa course à mi-chemin des veines bleuâtres. « Bon sang, tu pourrais pas t’calmer ? » Elle bouscule sur le lit, se débattant furieusement contre son ami. Non. Elle ne veut pas se taire, elle ne veut pas arrêter. Être maître de son existence, décider elle-même du moment de sa mort. Petite, t’illusionnes. C’est pas dans tes droits. Railler le destin en ne tentant rien pour l’empêcher d’agir. « Lâche-moi, connard ! » La mâchoire de l’homme trésaille, sa poigne se raffermît sur le bras de l’adulte. Il faut parfois raisonner ceux qu’on aime. « Mad, j’suis là! C’est moi. Ton pote, ton meilleur pote. T’as le droit d’être en colère mais putain, faut pas te faire du mal ! » Avec un trémolo dans la voix, s’il-vous-plaît. Folie. Elle distribue des coups au hasard, tente de se défaire de l’emprise qui est exercée sur elle. C’était pourtant une simple soirée. On ne décide de rien… Et puis, une larme coule. Transparente, minuscule. Il la lèche. La femme se détend, cesse de crier . Ses yeux parlent ; ils quémandent, ordonnent . Il se penche , desserre sa prise. « Je vais toujours être près d’toi, fais-moi confiance. » Et elle le croit. L’humain est faible, il ne fouille pas. Trop long, trop pressant. Leurs bouches se cherchent à nouveau, se trouvent. Deux âmes perdues dans l’obscurité du soir.La phrase, qui jaillit. Parce que la garder en soi, c’est trop dur, même en étant bourrée.« J’veux pas mourir, j’suis pas prête. » Tu n'as pas le choix.
chapter 2. écoute « La vie nous joue parfois des tours lamentables. D’autres fois, elle est notre meilleure amie, notre muse. T’aimer est une des plaisanteries que l’existence m’a réservées. Je ne peux pas réellement aimer, Noah. Mon cœur bat quand tu es proche mais ce n’est qu’un vain effort ; il va s’arrêter, un jour ou l’autre, parce qu’il n’aura pas toujours la force de se précipiter en mon sein, en ta présence. Je t’ai écris les premières lettres en croyant que, dans un futur agréable, je pourrais me dévoiler à toi, belle et rayonnante. Je sais maintenant que ce n’était que des illusions, des chimères que j’entretenais malgré moi. Tu ne tomberas pas fou amoureux de moi, en me voyant. Tu détourneras plutôt le regard, feignant l’ignorance. T’en voudrai-je ? Sans doute pas. Tu as été pour moi, pendant longtemps, une raison supplémentaire de vouloir me battre. Je ne voulais pas lutter contre mes sentiments ; ils étaient la preuve que je vivais toujours, que j’étais normale. J’aimerais te demander pardon, de t’avoir embarrassé par mes écrits. Aujourd’hui, il est temps de les assumer. Je veux te rencontrer, je veux que tu saches qui je suis. Je serai dans la salle des trophées ce soir, à minuit. Libre à toi de venir ou pas. Avec toute mon affection, A. »
Une tache écarlate imprégnait le haut du parchemin lorsque la jeune femme reposa sa plume, épuisée. Instinctivement, elle porta une main à son nez et regarda celle-ci se teindre d’un rouge vif. Son sang glissait sur ses doigts en un épais filet alors qu’elle saisissait sa baguette, en réprimant un juron. La souillure s’effaça aussitôt de la lettre, de-même que le précieux fluide cessa de s’échapper de son corps. C’était la deuxième fois, ce matin. Excédée, Amadéa roula l’objet de son travail avant de siffler faiblement un hibou, qui s’empara du trésor et repartit avec celui-ci en un coup d’aile. La femme se laissa tomber avec paresse sur un fauteuil ; terminé. C’était terminé. Noah ne pourrait que s’enfuir, en la voyant. Elle n’avait rien de ces greluches que les hommes prenaient un malin plaisir à reluquer ; elle n’était pas même valide pour un coup d’un soir. Trop maigre, trop pâle. Blême. Malade. Mais que pouvait-elle y faire? Ses yeux se fermèrent alors qu’elle recensait dans son esprit diverses situations. Le serpentard, la regardant avec dégoût… Lui, la traitant de tous les noms…Il ne pouvait en être autrement.
Elle se réveilla huit heures plus tard, toujours aussi exténuée. Une nouvelle formule, récitée à voix base, redonna un peu de couleur à ses joues blanchâtres. Comme un cadavre…L’adulte retint un frisson alors qu’elle se levait en tâchant d’éviter les regards intrigués de ceux qui, à mesure que la journée avançait, avaient rempli la salle commune. Elle ne leur devait rien. Ils ne comprendraient pas, de toute façon. C’est sur ces pensées qu’elle se dirigea vers la salle de bain, se positionnant aussitôt devant l’un des miroirs. Sa peau n’avait pas changée ; des ecchymoses s’étendaient sur sa cuisse droite et des pétéchies fanfaronnaient près de sa poitrine. Amadéa soupira, baissant son regard. Apprivoiser son corps, apprendre à l’aimer. Peut-être…Mais pour le moment, ça ne faisait qu’empirer l’estime qu’elle entretenait d’elle-même. Et ses craintes, aussi. Parce qu’elle n’allait pas guérir, elle le savait. Sa chair semblait d’ailleurs prendre un malin plaisir à briser ses espérances.
Camoufler l’horreur. Cacher la vérité. Elle était devenue experte en ce domaine. La réalité était trop inéluctable, trop sadique pour qu’elle puisse se l’approprier. Elle enfila une robe blanche dont l’encolure était en v et coiffa vaguement sa chevelure. Paraissait-elle normale ? Ne ressemblait-elle pas plutôt à une mourante ? C’est ce que tu es, Madée. La femme ferma les yeux un moment, prise de faiblesse. Leucémie aiguë myéloblastique. Un nom qui n’avait pas de sens, qu’elle ne voulait pas connaître. Le médicomage avait prétendu que son destin n’était pas scellée, que sa maladie pouvait évoluer, que de nouvelles potions pouvaient être découvertes. Foutaise. Elle la sentait, cette putain d’épée de Damoclès, au-dessus de sa tête. Son poids l’anéantissait, son ombre broyait ses rêves et ces vagues illusions. Parce qu’elle n’avait pas le choix, de ne penser qu’au présent. Le futur l’avait chassée de son royaume. « Hé l’fantôme ! T’as bientôt terminé, oui? » « Encore quelques… »« Écoute, t’es moche, t’as vraiment besoin de vérifier ? »Cruauté. Amadéa retint la réplique qui voulait forcer ses lèvres ; elle n’avait pas envie de se disputer, de rabaisser encore le caquet d’une gamine de onze ans qui était en pleine crise existentielle. Gaspiller son énergie – au sens réel du terme - aussi stupidement n’était pas dans ses projets. La porte claqua et l’adulte adresse son sourire le plus rayonnant à l’adolescente qui lui faisait face. Celle-ci bredouilla des insultes incompréhensibles et s’engouffra dans la pièce tant convoitée, bousculant au passage Madée. Respirer, ne pas perdre la tête. La femme serra les dents en s’efforçant de contenir sa main qui, étrangement, voulait se diriger vers sa baguette. Ça ne changera rien…
chapter 3. la durée Petite fille, tu délires. Des mains la tenaient fermement, l’obligeant à rester étendue sur la stalle froide qui glaçait son dos. Un homme brandissait à bout de bras une potion orangée, telle une seconde fontaine de jouvence. L’adulte se débâtit davantage ; des garrots de sureté vinrent entourer ses bras et ses jambes. Piégée. Tu vois le monde à travers tes couleurs, tes odeurs. Tu te détruis, c’est la seule solution. Allaient-ils la tuer? Un tuyau qu’on enfonça dans sa gorge l’empêcha d’hurler ; elle voulait vivre, putain! Tu paniques, tu étouffes, tu trembles. Tu sais que tu as déjà perdu, que l’avenir est établi et que tu ne pourras rien y changer. Des doigts s'emparèrent des siens, rassurants. « Amadéa…c’est pour ton bien, calme-toi!» Pour son bien? Comment une telle douleur pouvait lui être bénéfique? Le liquide coula dans sa bouche ; elle l’avala par peur de s’étouffer. Il brûlait, déchirait ses entrailles, lacérait son ventre. Horrible. C’était horrible. Tu n’as aucun contrôle sur tes émotions ; ils valsent dans ton cœur, y sème le désordre. Retrouver son sens de la logique, apprivoiser la souffrance. Madée s’efforça de réfléchir, de trouver une explication à cette situation. Que faisait-elle, il y de cela quelques heures? Elle se dirigeait avec sa génitrice vers l’hôpital, pour un nouveau traitement… Ravale tes larmes, garde ta fierté. Tu n’es même pas digne de pleurer. C’était risible. Pourquoi avoir accepté? Souffrir ainsi, alors qu’elle savait très bien qu’en final, rien ne changerait…La prise sur ses doigts se raffermit ; ah oui…pour sa mère. C’était pour sa mère, qu’elle faisait tout ça.Tu es mélangée, tu ne sais pas vers qui te tourner. Y croire, c’est donner du pouvoir à quelque chose qui ne devrait pas en avoir. Aussi rapidement qu’elle était apparue, la douleur cessa. Un sort fut murmuré doucement et la jeune femme se retrouva sur ses pieds, maintenu solidement par deux gaillards. Une tornade blonde s’engouffra dans ses bras : « Le médicomage dit que ça va marcher, chérie…! Tu vas peut-être guérir! » La tête lui tournait. Madée s’efforça toutefois de faire un sourire à celle qui lui avait donné la vie. Un cadeau empoissonné, certes. Mais qui refuse les présents ? La malade se promit pourtant mentalement de ne plus céder. Ce traitement, bref mais violent, avait failli la faire virer folle. Petite fleur, tu rêves trop. Dans la vie, il n'y a rien de rose, tout est noir ou gris. Même le blanc a déserté, il a été tordu, saigné, dépouillé. « C’est génial, m’man! » Ça n’allait pas fonctionner. Elle le savait, elle le sentait. Oh, elle pouvait espérer et attendre un miracle, bien sûr. Mais il ne viendrait pas.
Des infirmières l’aidèrent à revêtir ses vêtements. « Vous avez été courageuse aujourd’hui, Mlle. Belisario. » Ouais. Si on peut appeler courage d’hurler alors qu’un médicomage injecte une potion dans votre organisme. La femme attendit quelques heures avant de quitter l’hôpital, en direction de Pré-au-lard. Sa mère le lui avait déconseillé mais Amadéa y avait tenu mordicus ; sa maladie et ses traitements ne devaient avoir aucun effet sur ses sorties en dehors de l’école. Résiste, montre tes dents. Tu crèveras anéantie, comme toutes les autres avant toi. Ses camarades allaient se poser des questions, lui demander où elle était passée…Une tante décédée. C’était crédible, non? Ils ne devaient pas savoir. Plus simple, plus facile. Que d’avouer sa faiblesse, face à la vie..face à la mort. Tu ignores ce que veut réellement dire vivre; tu n’en connais qu’une partie, celle qui te gruge et te dévore. Le médico se trompait. Elle était plus forte que ce qu’il pensait…Elle le savait, elle. L'éphèbe soupira. C’était si facile d’entretenir de telles pensées…de croire que tout allait s’arranger et rentrer dans l’ordre. C’était un rêve, une utopie qui ne parviendrait jamais à terme. Bats-toi, c’est tes illusions. Mais tu gaspilles ton énergie, tu luttes vainement. Un faux sourire s’accrocha sur ses lèvres alors qu’elle franchissait l’enseigne d’un pub. Faire semblant. C’était son jeu préféré… Faire semblant que son plus gros problème, c’était d’être seule pour aller à la fête. Faire semblant qu’elle était véritablement heureuse d’être là, parmi tous ses compatriotes. Faire semblant qu'elle avait un avenir, elle aussi.
chapter 4. la vérité « Des changements ? » On aimerait dire oui. Affirmer que les choses s’améliorent. « Non. » Amadéa se rhabilla en silence, tandis que le médecin prenait des notes suite à l’examen. Un pli soucieux barrait son front. « Soyez honnête… » Les yeux qui se font fuyants, évoquant clairement une mauvaise nouvelle. Le langage du corps est souvent plus intelligible que celui des mots. « Il n’y a pas vraiment d’amélioration… » Elle le savait déjà. Tu vas mourir. « Combien de mois? ». L’homme , nerveux, triturait sa cravate en fixant ses pieds. « Je ne peux pas avancer un chiffre précis… » Elle voulait savoir. Non. Elle devait savoir! « Environ? » Ça ne pouvait pas être si pire. Elle se contenterait de quelques années. « Cinq mois, peut-être moins. Je suis désolé. » Tu étais prévenu.
dirty little secrets
Dernière édition par Amadéa R. Belisario le Mar 25 Mai - 20:41, édité 12 fois |
|