T H E . S T O R Y . O F . M Y . L I F E

« Tyra, cap ou pas cap de te marier avec moi quand on aura fini Poudlard ? »

Point de vue de Tyra – Je sens cet enfant évoluer et grandir en moi, je ressens également la peur de Julian vis-à-vis de tout ça, de ce futur incertain. Je n’ai que dix-sept ans, je n’ai encore aucun diplôme … Et l’homme que j’aime est dans le même cas. Assise dans le parc de Poudlard avec ma bande d’amies, la plupart de Serdaigle comme moi, je contemple ma bague de fiançailles avec un mélange d’anxiété et d’excitation. Je suis heureuse, impatiente, inquiète … Et enceinte de sept mois aussi. Je sais, ça n’est pas courant. Mais, moi et Julian, on est deux et on est forts. A vrai dire, on est ensemble depuis toujours, depuis qu’on sait ce qu’est une baguette magique, en fait. Sur Terre, il y a des évidences. Nous deux, Tyra et Julian, Julian et Tyra, on en est une.

Depuis que je suis enceinte, je suis devenue très observatrice et je réfléchis sans doute plus. Ca doit être hormonal. J’absorbe aussi les émotions des autres. L’inquiétude de Lara quant à l’obtention de ses Aspics, la rage de Clarisse envers Théo, son ex petit-ami … J’ai l’impression que tout ça me touche beaucoup trop. Et puis, il y a Julian. Il ne dit rien mais, je le sais. Il a peur de devenir à la fois un père et un mari alors qu’il se considère encore comme un adolescent, pas encore adulte, qui rêve simplement d’attraper le plus rapidement le vif d’or au prochain match de Quidditch de l’école. Il ne rêve pas encore d’enfants, ni de grand mariage. Il veut juste devenir l’un des plus grands attrapeurs du pays. Je sais qu’il est inquiet mais, je ne vais embêter personne avec ça. Moi, je suis suffisamment confiante pour deux. Non, je vous mens, je ne suis pas confiante. Je suis amoureuse …

« C’est Cécilia, ma sœur, elle est toute rose, elle n’arrête pas de gazouiller et elle a même pas de dents, comme les boursouflets. »

Point de vue de Julian – Je n’en reviens pas … Je me souviens encore de Poudlard. Ca fait cinq ans déjà, mais je peux constater que Tyra avait raison sur toute la ligne. Je n’aurais pas du m’inquiéter. Pendant cinq ans, elle s’est occupée de Clay à la perfection et moi, j’ai pu profiter. Je suis devenu l’homme que j’espérais être depuis toujours. Je suis l’attrapeur et l’heureux capitaine de l’équipe nationale d’Irlande de Quidditch. Ma carrière est tout simplement parfaite. Ma vie de famille se porte bien. Je suis le sorcier le plus heureux du monde, aujourd’hui.
Je sens la petite main de Clay enfermée dans la mienne qui me rappelle à l’ordre. Je vois ce sourire sur son visage d’ange et je l’entends me presser d’entrer. Nous sommes arrivés à Sainte-Mangouste et la porte s’ouvre devant nous. Derrière elle, une petite princesse, du nom de Cécilia, vient d’ouvrir les yeux pour la première fois.

« Il va où, Papa ? Et Clay, pourquoi il va avec lui ?! Ils vont faire du camping ? Et moi, pourquoi j’ai pas le droit d’aller avec eux ? »

Point de vue de Cécilia – On m’a dit que je comprendrais quand je serais plus grande. Mais moi, je veux comprendre maintenant. Papa et Maman se sont longuement disputés. Enfin, c’est plutôt Maman qui a longtemps crié sur Papa, en fait. Elle lui a dis plein de choses méchantes que ni moi, ni Clay, ont a le droit de dire normalement. Elle l’a traité de « tête de troll », ça m’a fait rire.
Moi, j’étais assise dans l’escalier et j’écoutais les cris et les hurlements qui me faisaient beaucoup de mal aux oreilles. J’avais envie de pleurer mais, Clay m’avait dit que pleurer, c’était pour les bébés alors, j’empêchais les larmes d’atteindre mes petits yeux, avec plus ou moins de réussite. Et puis justement, Clay est arrivé et il m’a attrapé par le bras, pour m’éloigner, pour m’emmener dans ma chambre. Arrivés là, on entendait plus les cris.

- « Je t’ai dis de ne pas pleurer, Lia.
- Je sais … Mais, ça veut pas obéir !
- Tu me promets que tu vas essayer, quand même ?
- Promis, juré … Dis-moi pourquoi Maman est énervée après Papa ?
- Je vais aller vivre chez Papa et Maman est pas d’accord … »

Cette fois-ci, les vannes étaient ouvertes. J’avais promis de ne plus pleurer mais, c’était impossible. Déjà que Papa était parti … Maintenant, mon grand frère partait aussi.

- « Non, reste ! Je te promets que je pleurerais plus jamais ! Reste, Clay … »

Il est parti quand même. Même que c’est la première fois que je l’ai vu pleurer, lui aussi.

« C’est étonnant la façon dont une seule seconde peut changer une vie entière … »

Point de vue de Clay – On aimerait savoir si les choses qui nous arrivent ont un sens. Mais, on ne le sait jamais … Malheureusement.
La neige tombait avec force sur Poudlard, en ce mois de Décembre particulièrement froid. J’avais décidé de veiller tard, ce soir-là, devant le feu de la cheminée des Gryffondors. Je n’étais pas seul, à dire vrai. Une ambiance décontractée, presque festive, régnait dans la Salle Commune. Noël arrivait à grands pas et tous les étudiants s’en trouvaient réjouis. J’étais dans le même cas, trop heureux de bientôt retrouver ma famille, ma sœur surtout. Et puis, les bavardages animés de fin de soirée se sont brusquement dissous et j’ai aperçu plusieurs de mes camarades se redresser dans leurs fauteuils. Il y avait forcément une bonne raison à cela. Je me suis donc retourné et mon regard a directement rencontré celui de la Directrice de l’école, le professeur McGonagall. Je pensais qu’elle allait vite passer à quelqu’un d’autre, comme d’habitude. Ce ne fut pas le cas … Mes yeux se sont rapidement froncés et j’ai du la suivre jusqu’à son bureau, marchant d’un pas trop lent par rapport à l’impatience grandissante que je ressentais. Que se passait-il ? En l’espace de quelques minutes, les pires scénarios catastrophes s’affichaient dans mon esprit, sans que je n’en détermine le réel.

- « Clay, j’ai une très mauvaise nouvelle à t’annoncer. Il s’avère que ta petite sœur, Cécilia, est tombée gravement malade, il y a quelques semaines. Malheureusement, elle n’a pas survécu. Elle s’est éteinte, tout à l’heure, dans l’après-midi. »

J’étais assis mais, j’eus l’impression de tomber dans le vide. Je me suis mis à trembler comme jamais et je me suis renfermé tout de suite. Je me suis tu, ne pouvant plus, même physiquement, parler. C’était comme si quelqu’un venait de m’arracher une partie du cœur. Un grand vide s’installait dans mon ventre, vide plus jamais comblé par la suite. Elle était ma plus grande raison de vivre, mon rayon de soleil. A partir de ce jour, c’était évident, plus rien n’aurait de sens. J’avais treize ans et en une seule seconde, ma vie a changé du tout au tout.
Mes parents vinrent me chercher dans la nuit. Je ne reverrais plus l’école de sorcellerie pendant de très longues semaines mais je m’en fichais. Ma petite sœur n’avait même pas ressenti la joie intense de recevoir sa lettre. Cécilia, elle, n’avait même pas eu la chance de connaître Poudlard …